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La plaine de Caen, plateau calcaire que l’humain cultive depuis des siècles, nous renvoie aujourd'hui l’image stéréotypée d’une terre que l’agriculture intensive a désertifié. C’est en tout cas avec ce type d'idée reçue que j’ai commencé à photographier la plaine, à effectuer des aller-retours entre le centre de ma ville et le milieu des champs, ce afin de combattre mon ignorance à propos de cette campagne voisine.
Car la plaine agricole est un espace blanc sur la carte : elle échappe aisément à la représentation, à l'attention. J'ai essayé de redonner des couleurs à cette « zone blanche », à ces lieux que nous sommes nombreux à ne plus regarder tellement nous les avons admis comme ordinaires, vulgaires.
Alors j'ai marché dans la plaine afin de confronter mon idée stéréotypée d'un paysage, de son aspect générique, trivial, à l'expérience répétée du terrain. J'ai éprouvé l'adhérence de ses boues, rencontré ses reliefs, ses barrières. Arpenté les lisières entre ses champs, ses bois et ses terres artificialisées.
Et à force de rencontres, le paysage a priori vide a commencé à se repeupler. J'ai entrevu alors la manière avec laquelle les frontières pourraient bouger, la plaine changer d’aspect, et dessiner un autre motif sur ma carte.